Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Onestpasbienla...?!
Archives
Derniers commentaires
16 janvier 2006

Lettre posthume.

Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ?

Qu’elle aurait pu venir ? Elle est pas venue.
Que j’aurais pu faire un effort ? Je sais même pas dans quel sens faire un effort.

Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ?
Qu’il fait beau et que c’est dommage de rester tout seul chez toi, avec ce beau temps ?
J’ai pas l’impression qu’il fasse très beau chez toi, même en plein été.
Que je vais tout faire pour t’embellir la vie ?
C’est au dessus de mes forces. Et je sais que je ne tiendrai pas cette promesse. Je sais aussi que la seule personne apte à t’embellir la vie c’est toi. Toi et seulement toi. Et c’est pas à coup de « cache-t’on » que quelque chose changera.

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
Oui, j’ai passé une bonne après-midi.
Mais ça fait quatre fois que tu demandes.

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
Qu’il faut rester ?
J’en sais rien, moi, s’il faut rester.
Que la vie, ça vaut le coup ?
Je suis pas sûr. Si tu as décidé que la tienne ne valait plus le coup, qui je suis, moi, pour décider à ta place ? Si tu as pensé que c’était la meilleure, la seule solution.

Qu’est-ce que tu voulais que je te dise ?
Qu’elle parlait pas sérieusement ? Qu’elle peut pas partir comme ça ? Avec vos gosses ?
Evidemment. Te laisser seul. Avec ton passé. Et ton âme toute bleue. Congestionnée. Trop pleine. Tout resté. Tout gardé. Rien, rien jamais sorti. Bloqué dedans. Comme en apnée. Bleue. Au bord de l’étouffement. Et puis tout gris.
Pas de mots.
Angoisse. Qui se tait et qui te fait taire. Tu te terres. Tu restes là. Enfermé. En dedans et chez toi. Seul dans ton angoisse. Surtout pas en parler. Contrôler. Eliminer les autres sources d’angoisse. Jamais aller fouiller chez toi. Et tu nous fais taire. Pas savoir. Pas répondre. Jamais discuter. Se plier à tes lois. Tes lois que tu subis toi-même, qui sont les lois de ton angoisse. Que finalement tu dois bien un peu « cageôler ». (non, pas « cajoler », t’es trop gris pour ça, tu bouges pas assez.) Tu l’aimes ta prison.
Tu te la redessine autour de toi chaque jour. Et tu verrouilles bien les portes. Que jamais personne ne vienne t’en sortir.

Qu’est-ce que tu voulais que je te dise ?
Que je te débite des supplications ? Des je t’aime et des t’en vas pas ?
Va.

Va si tu n’es pas capable d’ouvrir toi-même cette putain de grille dont tu as la clé.

Tu sais quoi ? Elle avait raison. Il fallait qu’elle parte. Et toi aussi.

Quoi ? T’as parlé ? Ah, oui. J’ai passé une bonne après-midi.

T’es pas parti finalement. Elle non plus d’ailleurs.
J’ai quand même appelé les secours. C’est ce qu’on fait dans ces cas là.
Sont venus.
T’ont sauvé.

Mais t’es mort quand même.

Et c’est tellement mieux comme ça.

Qu’est-ce que tu voulais que je te dise ?

Publicité
Commentaires
Onestpasbienla...?!
Publicité
Publicité